Si à brûle-pourpoint on t’avait demandé ce que tu étais, nous gageons que tu n’aurais répondu « marin » qu’avec grande modestie.
Entre tous les métiers que tu as exercé, tous les devoirs que tu as assumé, c’est la mer sans doute que tu as privilégié.
C’est ainsi que l’on te voyait, nous les amis de toujours, comme un solide et calme marin, expliquant à l’avance les manœuvres et excellent barreur. On parle de toi comme le rassembleur, le pilier, pas vraiment meneur car tu n’imposais rien, juste l’art de rallier les gens, de les regrouper, une aptitude à l’amitié, la vraie, la lumineuse, celle qui laisse la place à l’autre et lui permet de s’épanouir. Nous n’oublierons pas ton rire, ton regard malicieux, tes roulements des R et ton origine catalane à laquelle tu étais si attaché. Alors bien sûr nous sommes lourds de tristesse.
On pense des gens de mer qu’ils sont immortels. À nos yeux tu l’étais vraiment mais voilà, un matin en écoutant ta radio, tu t’es rendormi et tu es parti. C’est quand même un beau pied de nez à la vie, nous sommes sûrs que tu aurais apprécié : t’éclipser aux sons des ondes dans ton lit et dans ton sommeil. Aussi loin que nous tes amis naviguerons, quels que soient les mers et le vent, nous savons qu’à jamais tu nous accompagneras.
Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans le coeur des vivants…
Flo E.
